Bonjour,
Voici ma dernière chronique de l’année, que j’ai tenté de rendre plus festive que les précédentes.
L’accompagnent tous mes vœux pour 2020 !
Très cordialement,
Michel Sallé
Michel Sallé
Bonjour,
Voici ma dernière chronique de l’année, que j’ai tenté de rendre plus festive que les précédentes.
L’accompagnent tous mes vœux pour 2020 !
Très cordialement,
Michel Sallé
Il n’y aura eu qu’un article dans « l’lslande aujourd’hui » pour décembre, mais il a fait recette ! La présentation du système islandais de retraite, très différent du système français ancien et apparemment à venir, a été vue, et peut-être lue, 537 fois. Voici qui méritait quelque repos !
Si j’en juge par les autres statistiques, les inscriptions et les réactions, je comprends que ce blog intéresse surtout des personnes connaissant déjà les « îliens » (je n’ose plus dire Islandais puisque 54000 vivent hors de l’île, « remplacés » par un nombre équivalent d’étrangers !), pour qui je me fais le plaisir d’approfondir tel sujet que j’aborderais plus rapidement dans ma chronique mensuelle. N’hésitez donc pas à formuler des demandes, auxquelles je m’efforcerai de répondre dans la mesure des informations que je puis rassembler, avec, j’espère, le concours de telle ou tel d‘entre vous.
Actuellement je réfléchis à un article sur l’Église Nationale. C’est un sujet passionnant tant il plonge dans l’histoire de l’île et est aujourd’hui révélateur des évolutions rapides que connaît sa population. J’attends pour le rédiger de voir si Áslaug Anna Sigurbjörnsdóttir, dirigeante d’un parti très conservateur sur le sujet, ira jusqu’au bout du projet de séparation annoncé dès sa prise de fonction comme Ministre de l’Intérieur, et quelles seront les réactions…
A tous je souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année et une excellente année 2020.
Michel
En ces temps où le mot « retraite » est sur toutes les bouches françaises j’ai cru intéressant de donner quelques informations sur le système islandais. Toutefois, je plaide l’indulgence : les systèmes de retraite, quels qu’ils soient, ne se comprennent bien( ?) que de l’intérieur. C’est pourquoi des erreurs sont possibles, et je recevrai volontiers toutes remarques.
Même s’il a fait l’objet d’amendements en cours d’application dans le vaste accord social signé en début d’année 2019, l’architecture du système islandais reste inchangée et c’est celle-ci qui nous intéresse. J’ajoute qu’elle est aux antipodes du système français, et plus encore de celui qui se dessine, notamment parce qu’il y a en Islande 21 caisses et que personne ne s’en émeut.
Autre antipode : il n’est pas concevable en Islande qu’un système de retraite et ses amendements ne soient pas le résultat d’accords collectifs entre employeurs et employés, et éventuellement l’État s’il doit y contribuer, ce qui est le cas pour le « pilier I » et les exonérations fiscales sur les cotisations.
Le système islandais repose en effet sur trois « piliers » (stoð)[1]. Le principal est le pilier 2 (lífeyrissjóðir – 67% des sommes distribuées), obligatoire, et géré par les 21 caisses mentionnées plus haut. Il est privé, comme l’est le pilier 3 (viðbótarlifeyríssparnaður – 10% des sommes distribuées), qui, lui, est optionnel. Le pilier I (Almannatryggingar – 23% des sommes distribuées) est public et conçu pour compléter les deux précédents et assurer à toutes les personnes résidant en Islande un revenu minimal supérieur au « seuil de pauvreté » (60% du revenu médian disponible). Le taux plein est atteint avec une résidence de 40 ans entre 16 et 67 ans[2], et proraté pour les durées inférieures.
Le pilier I est financé par l’impôt sur le revenu. Le pilier II est financé par une cotisation de 4 % sur les revenus des actifs, salariés et indépendants, et 8% progressivement portés à 11.5% pour les employeurs. La cotisation pour le pilier III est de 2 ou 4% pour les actifs, et 2% pour les employeurs. L’adhésion à ce pilier est encouragée par des exonérations fiscales sur les cotisations.
Le choix de la caisse du pilier 2 dépend de la convention collective applicable au salarié. Certaines en imposent une, d’autres non. En conséquence quelques caisses sont ouvertes à tous, y compris les travailleurs indépendants, et donc en concurrence, alors que les autres n’accueillent que certaines professions. C’est vrai en particulier du secteur public.
Ces caisses sont toutes gérées paritairement. La loi leur impose de prévoir, outre une pension de retraite, une rente au conjoint survivant et aux personnes handicapées. À cela s’ajoutent des services, qui vont les rendre plus ou moins attractives. Pour ce qui concerne la pension de retraite, la loi fixe un objectif, pas toujours atteint, de 56% du revenu moyen perçu tout au long de la vie active, corrigé de l’inflation. Le taux plein est en principe obtenu pour 42 ans d’activité et un âge de 67 ans. L’ensemble est coordonné par une instance nationale (Landsamtök lífeyrisjóða).
Les 21 caisses représentent une capitalisation totale de 1.5 fois le PNB islandais, avec de grandes disparités entre elles puisque les trois plus grosses gèrent la moitié de cette capitalisation. Elles sont donc pour l’économie islandaise un poumon important auquel il peut être fait appel comme à des banques, au point que des investissements parfois hasardeux, notamment en devises étrangères, ont conduit quelques-unes d’entre elles au bord de la faillite lors de la crise de 2008, ce qui explique un certain nombre de fusions, et aussi un renforcement des règles de gestion qui leur sont imposées.
La question légitime est : combien reçoivent-ils ? La réponse est malaisée tant sont différentes les situations. Mais on peut considérer qu’une personne ayant cotisé 42 ans et prenant sa retraite à 67 ans recevra environ 100% de son revenu moyen d’activité, sensiblement plus si ce revenu est inférieur à la moyenne et moins s’il lui est supérieur, ce qui s’explique par la compensation qu’apporte le pilier I.
Il est vrai que la situation démographique actuelle est très
positive : 5 personnes entre 15 et 66 ans pour 1 personne de 67 ans ou
plus. Ce taux devrait tomber à 4 en 2030 et à 3 en 2050. ! Mais on voit que le système est suffisamment
souple, et suffisamment forte (aujourd’hui !!!) la volonté des partenaires
sociaux de s’accorder, pour croire que des solutions seront trouvées…
[1] Voir diaporama (2017) et rapport détaillé pour l’OCDE (2014)
[2] soit 281.050 ISK (€ 2.280) en 2017 pour un célibataire