Golden Globe… Grammy Award… Oscar ?

Golden Globe…

Avec les musiques des films Tchernobyl et Joker, Hildur Guðnadóttir truste les récompenses : Prix au Festival de Venise et Golden Globe avec Joker, Emmy Award et, hier soir, Grammy Award pour Tchernobyl !

Grammy…

Et le meilleur reste à venir, le 9 février, avec un Oscar pour la musique de Joker pour lequel elle est nominée…  Le premier Oscar islandais ?

Vous pouvez l’écouter jouer de son violoncelle sur https://www.youtube.com/watch?v=NmZ2pAFbXsE

Avalanches…

Le 14 janvier dans les fjords de l’Ouest, à quelques kilomètres de distance, trois avalanches se déclenchent presque simultanément, deux à Flateyri, l’autre à Súgandafjörður, en face de Súðureyri.

où il est rappelé que la coulée de droite est la même que celle de 1995

A Flateyri, le dispositif anti-avalanche construit en 1998 n’empêche pas qu’une maison (Ólafstún 14) soit submergée, où vivent Anna Sigríður et ses trois enfants. Celle-ci s’échappe à temps avec les deux plus jeunes, mais Alma Sóley, 14 ans, est bloquée dans sa chambre, étouffée sous la neige. Il faudra 40 minutes pour l’en sortir !  La deuxième coulée atteint le port et endommage de nombreux bateaux. C’est aussi le cas à Súgandafjörður, où la coulée provoque un véritable raz de marée.

Morgunblaðið le 18 janvier 1995

L’émotion est d’autant plus grande que ces avalanches interviennent 25 ans, presque jour pour jour pour l’une d’elles, après les deux plus grandes catastrophes connues en Islande au XXème siècle, évidemment très présentes dans la mémoire des survivants :

  • Le 16 janvier à Súðavík où il y a 14 morts parmi 190 habitants,
  • Le 25 octobre à Flateyri : 20 morts pour 300 habitants !

Katrín Jakobsdóttir se rend sur place avec l’hélicoptère des secours, évidemment escortée des ministres Bjarni Benediktsson (Parti de l’Indépendance) et Sigurður Ingi Jóhannsson (Parti du Progrès).

Capitalisme à l’islandaise, ou comment détenir le plus possible de quotas de pêche…

Les quotas de pêche existent en Islande depuis plusieurs décennies et ont permis de préserver une ressource essentielle pour le commerce extérieur de l’île : à partir des études d’un organisme de recherche indépendant le ministère de la pêche fixe chaque année en août pour la campagne à venir (du 1er septembre au 31 aout le plus souvent) le TAC (Total Admissible de Capture) pour chaque espèce. Et les TAC sont eux-mêmes répartis entre les bateaux selon une clé intégrant divers paramètres dont les prises réalisées par eux dans le passé. Les quotas ainsi obtenus peuvent être partiellement reportés d’une année à l’autre et transférés d’un bateau à l’autre.

La grande révolution est d’avoir rendu en 1990 ces quotas aliénables. Dès lors ils se sont progressivement concentrés dans les mains de quelques armateurs. À la suite de cette concentration, la flotte de pêche est très moderne et performante, et les prises sont vendues aux meilleurs cours. De plus les détenteurs de quotas, pour en maintenir la valeur, ont intérêt à préserver une exploitation biologiquement viable de la ressource halieutique. Mais ceci a eu pour effet d’éliminer progressivement les bateaux moins performants ou artisanaux armés dans des villages côtiers dont la pêche et la transformation du poisson sont les seules activités. En compensation, les armateurs versent une taxe assise sur leur pêche.

C’est ainsi que ces quotas ont pu s’analyser comme un véritable droit de propriété, une « privatisation de la mer », selon les détracteurs du système, alors qu’ils ne sont qu’un droit d’exploitation d’une ressource commune à tous les Islandais. D’où une spéculation effrénée, dont un article paru le 10 janvier dans le journal en ligne Kjarninn donne une illustration vertigineuse. En voici quelques extraits :

Kristján Þór Júlíus­son , ministre de la pêche

En septembre 2019, Samherji, le plus important armateur islandais (que nous connaissons bien pour ses quotas namibiens), détenait 7.1% des quotas islandais. Útgerðarfélag Akureyrar, qui appartient à 100% à Samherji, en détient 1.3% et Sæból, sa holding, 0.64%. Síldarvinnslan détient 5.3% de tous les quotas et sa filiale, Bergur-Huginn, 2.3% ; soit pour cet ensemble 16.6%. (…)

Brim est le plus gros détenteur de quotas, au point d’avoir dépassé en novembre la limite autorisée pour ce qui concerne le cabillaud lorsque l’entreprise a racheté deux armements de Hafnarfjörður : Kambi et Grábrók. Hjálmar Kristjánsson possédait 39% de Kambi et 100% de Grábrók. Brim a donc racheté les avoirs du frère de Guðmundur Kristjánsson, son président, pour un montant total de 3 milliards d’Ikr (24 millions €).

L’actionnaire principal de Brim est Útgerðarfélag Reykjavíkur, qui détient 46.26% de son capital après en avoir vendu récemment une part importante à KG Fiskverkun. Ce dernier possède maintenant 3.9% de l’ensemble des quotas attribués. De plus la compagnie Ögurvík (filiale de Brim) en a 1.3%. (…)

La coopérative de Skagafjörður possède FISK Seafood, qui détient 5.3% des quotas. FISK possède 32.9% de Vinnslustöðin (Vestmannaeyjar) qui a 5% des quotas (…) En septembre, Útgerðarfélag Reykjavíkur a acheté 10.18% des parts de FISK Seafood dans BRIM, que FISK avait acheté en août à la caisse de retraite Gildi, ce qui a permis à FISK Seafood de réaliser une plus-value de 11.4 milliards d’Ikr en quelques jours (…).

Au total Samherji, Útgerðarfélag Reykjavíkur et la Coopérative du Skagafjörður détiennent 42.2% des quotas…

Chaque gouvernement promet de s’attaquer à un système devenu fou et pervers mais le Parti de l’Indépendance veille…