Les deux bonnes nouvelles nous viennent du Bureau des Statistiques :
- en 20 ans (2000-2019) la fourchette de rémunération entre les personnes diplômées de l’enseignement supérieur et celles ayant arrêté leurs études dès qu’elles n’étaient plus obligatoires a chuté de 61% à 39%,
- sur la même période, le pourcentage des femmes ayant obtenu un diplôme d’enseignement supérieur est passé de 37.8% à 53.4% des diplômé(e)s.
Ainsi donc, si le salaire moyen a en Islande progressé de 214% en 20 ans, cette progression n’a été que de 173% pour un(e) diplômé(e) de l’enseignement supérieur et 239% pour une personne sans diplôme. Entre les deux les salaires des personnes ayant repris leurs études (pratique aussi courante en Islande qu’ignorée en France) ont progressé de 185%. Ceci montre que la société islandaise ne s’est pas laissé totalement envahir par la « dictature du mérite » (titre de l’excellent livre du philosophe américain Michael Sandel) de pays environnants, qui n’a d’ailleurs de « mérite » que le nom tant cette méritocratie s’est refermée sur elle-même pour se transformer en aristocratie héréditaire et faire le lit de tous les populismes.
Sur la même période les femmes sont devenues majoritaires parmi les diplômé(e)s de l’enseignement supérieur et viennent de rattraper les hommes pour ce qui concerne la formation continue et l’apprentissage (38%).
Et la mauvaise nouvelle ?
Très vite Sonja Ýr Þorbergsdóttir, Présidente du syndicat BSRB (employé(e)s du secteur publique), douche l’enthousiasme du blogueur : si les salaires des diplômé(e)s de l’enseignement supérieur ont moins progressé que les autres c’est à cause du nombre croissant de femmes parmi elles et eux ! Et de lancer une autre statistique, que je citai dans ma chronique de février 2021 : les femmes détenant un diplôme universitaire du deuxième cycle atteignent à peine le même salaire moyen que les hommes diplômés du premier cycle. Les entreprises et administrations continueraient elles, en dépit de la loi, de ne pas respecter le « à travail égal à salaire égal » ? Possible. Mais une autre explication, avancée par Sonja Ýr elle-même, est la typologie des emplois de plus en plus féminisés : services, enseignement maternel et primaire… Et elle veut être optimiste : la crise sanitaire doit aboutir à une valorisation des emplois du « care » comme on dit en islandais ! Ainsi sera plus encore justifiée la première place de l’Islande au Global Gender Gap Report 2021 publié par le World Economic Forum.
Bonjour et merci pour cet article. C’est sûr ce n’est pas encore complètement gagné mais c’est déjà tellement mieux que chez nous !!!!
Merci Michel pour cette mise au point très intéressante.