L’Islande sur la « liste grise » !!!

Liste grise ?  Celle des pays que le Groupe d’Action Financière (GAFI ou FATP en anglais) considère comme ne faisant pas assez contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Elle y est le seul pays d’Europe, en bonne compagnie puisque viennent d’y entrer avec elle la Mongolie et le Zimbabwe. Tous trois rejoignent des pays comme le Botswana, la Syrie, le Yémen ou encore Panama et la Corée du Nord, jugés « institutions à haut risque et non coopératives ».

L’émotion est grande : « qui peut croire que nous ayons quoi que ce soit de commun avec les pays qui sont sur cette liste ? » s’écrie Þórdís Kolbrún Reykfjörð Gylfadóttir, Ministre de l’économie (Parti de l’Indépendance), devant l’Alþingi…

Basé à Paris, le GAFI n’est pas une organisation fantaisiste. Il a été créé lors du sommet du G7 en 1989 afin de lutter contre le blanchiment d’argent international et ultérieurement le financement du terrorisme. Il comprend les pays du G7, de l’UE et sept autres pays (dont l’Islande !), et a depuis émis 51 recommandations que les pays doivent suivre.

L’affaire est ancienne et les trois banques qui ont fait faillite en 2009 n’étaient pas totalement blanches sur le sujet. Ultérieurement, suite aux observations du GAFT, un travail de mise en conformité est engagé, apparemment sans enthousiasme jusque 2015. Il semble que les autorités islandaises, trop sûres de leur image d’honnêteté, n’aient pas considéré comme prioritaires les demandes du GAFI. Il est aussi possible que certains Islandais très bien placés n’aient pas eu envie que toute la lumière soit faite sur la provenance de leurs revenus ?  Souvenons-nous du nombre d’Islandais cités sur les Panama Papers, et de la qualité de certains !

Katrín est fachée

Dans un communiqué le Ministère de la Justice estime mal fondée et disproportionnée la décision du GAFI, rappelle les mesures déjà prises et lui demande de revenir sur une décision très dommageable pour l’économie de l’île… mais peut-être salutaire ?

3 réponses sur “L’Islande sur la « liste grise » !!!”

  1. Daté du 6 avril 2018 :

    « Between 2008 and 2015, Iceland demonstrated a high level of cooperation and coordination as they focused almost exclusively on the financial crimes and complex cases surrounding the 2008 banking collapse. But, this did not extend to anti-money laundering and counter terrorist financing, which has not received sufficient attention as a result.

    Icelandic authorities have a fragmented understanding of AML/CFT risks, which is not used for further policy development. Although supervisors are beginning to identify areas of risk relevant to their sectors, they need to further enhance their supervisory roles and their use of the risk-based approach. Iceland should also explore the specific risks associated with legal persons and arrangements and improve the availability of beneficial ownership information….. …
    With the exception of the three large commercial banks in Iceland, the financial sector and non-financial businesses and professions have a poor understanding of the money laundering or terrorist financing risks to which they are exposed.  »

    http://www.fatf-gafi.org/fr/publications/evaluationsmutuelles/documents/icelandsmeasurestofightmoneylaunderingandthefinancingofterrorismandproliferation.html?hf=10&b=0&s=desc(fatf_releasedate)

  2. Je me suis toujours demandé si l’une des plus graves difficultés des Islandais n’était pas la « mémoire courte », ce qui les conduit à réinstaller au pouvoir les mêmes personnalités, éminences grises bien sombres, dont elle voudrait se débarrasser.
    Par ailleurs, bien qu’attachée à son indépendance et à son passé, l’Islande devrait avancer sur deux dossiers qui me semblent prioritaires : l’établissement, enfin, d’une nouvelle constitution, et sa situation dans l’UE.
    Si l’Islande, selon ce qui est couramment affirmé (je plaisante à peine), a un pied dans le passé et l’autre vers l’avenir, ne faudrait-il pas, alors que le reste du monde évolue à grande allure et que les yeux des plus grandes puissances sont fixés vers les pays nordiques, que les islandais prennent mieux conscience de la fragilité de leur position, humaine, économique et financière, mais également au plan géopolitique ? Et sans perdre cependant de vue ce qui en a fait et fait encore un noble pays.
    Espérons, comme vous l’écrivez, que cette mauvaise nouvelle soit salutaire. Mais pour lutter « contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », encore faut-il en avoir les moyens.

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